Du 4 au 17 août dernier, j’étais en Corée au sein d’une équipe de 10 « frenchies » (dessinateurs, musiciens, développeurs, bidouilleurs) réunis par Sylvain Quement aka Gangpol, lui-même missionné par la structure Stéréolux à Nantes, elle-même missionnée par l’entreprise Samsung et la Compagnie Noridan, depuis Séoul.
Notre mission : proposer une série d’ateliers à près de 300 enfants à Séoul, dans les locaux de Samsung Creative Youth & kids et alternativement à Yongin (en banlieue de Séoul), dans une forteresse gigantesque habituellement vouée à l’accueil de séminaristes. Grosse particularité de ce projet : nous avons la responsabilité de choisir 60 enfants parmi les 300. Ceux-là poursuivront leur parcours d’ateliers créatifs tout au long de l’année suivante, à Séoul. En plus de cela, une journée de conférences ouverte au public était prévue à mi-parcours, dans les locaux de Samsung Electronics cette fois, au coeur du quartier d’affaires de Gangnam. Elle se terminerait par l’atelier-spectacle, Réforme graphique. Pour finir, une restitution de tous les ateliers, un concert, une fête !
La fine équipe !
Premier élément de satisfaction, la rencontre avec des compagnons de voyage à la fois très sûrs de leurs pratiques respectives, intéressants par les projets pédagogiques présentés et très sympas ! Autre réussite : l’équipe ne se connait pas intégralement. Certains sont installés à Paris, d’autres à Bordeaux, à Montpellier, même à Orléans ! Les démarches et les personnalités se marient fort bien.
GANGPOL & GUILLAUMIT / SHOBOSHOBO / YASSINE / FREEKA TET / YANN VAN DER CRUYSSEN / MARINE BOISSET / CAMILLE LAVAUD / STEPHANE DOMOTIC / MICHEL BANANES JR
La Corée francophone
Soyons clairs ! Il n’est pas évident de débarquer en Corée avec l’anglais pour seul outil de communication ; encore moins quand il s’agit de suivre des enfants et des adolescents, de leur transmettre des consignes d’ateliers… Nous avons bénéficié du soutien précieux d’une superbe équipe de traducteurs ! Beaucoup d’entre eux suivent leurs études en France, à l’Ecole des Beaux arts de Nantes. Un grand merci à Yooni, Fanny et tous les autres. Et « coup de chapeau » à Eun Young en particuler, qui coordonnait toutes les opérations de traduction (notamment) avec une implication hors du commun !
Des pixels en forme !
Intervenant dans les ateliers dans le sillage de Yassine, il m’était donné de revenir à mes premières amours : le pixel ! Deux planches de 10 mètres de long chacune, des formes abstraites à créer individuellement, puis à reporter en grand format, collectivement, par groupes de 5 à 8 enfants. Si Yassine en attend toujours beaucoup des enfants (et il a raison), on peut dire que les propositions des enfants ont été vraiment intéressantes sur le plan formel et ce malgré des conditions matérielles perfectibles. Autre dimension vraiment intéressante : la création d’un motif en équipe ; l’obligation de trouver un mode d’organisation fiable (ou pas)…
Cartons en choeur !
Chaque groupe d’enfant passant par 3 ateliers (de la musique au graphisme, à la fabrication d’objets ou inversement), il nous était confié le soin avec Yassine d’accompagner des enfants passés par la création de « tribus sonores » dans la production en volume d’un « animal-totem » par équipe de 15. A la baguette cette fois, je me suis inspiré de la tradition de l’improvisation théâtrale pour construire l’atelier : d’abord des jeux de construction simples, hors projet, en équipe (en « tribu »), puis une phase de réflexion — choix d’un animal-totem pour représenter la tribu — puis lancement par équipe du véritable « chantier de construction ». Deux autres phases étaient incontournables : assemblage des quelques 700 cartons, transport et stockage des créations bien loin du lieu de l’atelier. Au final, je suis très satisfait à la fois du rendu de ces statues de carton et du déroulement de ces ateliers.
그래픽 개혁 / Réforme épique !
Qui souhaite s’embarquer dans un atelier géant de dessin en Corée du Sud, avec 300 enfants coréens et tous les problèmes logistiques que cela peut poser ? Yassine et moi ! Trouver 2000 feutres (des gros pas des fins), 300 crayons, 300 gommes et autant de pochettes cartonnées n’a pas été une mince affaire ! Nous étions optimistes et ça l’a fait ! Non sans mal, il faut le dire. On se souviendra des 300 coups de tampon à donner en quelques minutes et de la pression des 300 enfants pour les bonbons de la fin du spectacle !
Un final explosif
Pour restituer l’ensemble des ateliers, Sylvain avait proposé de monter une restitution de quelques heures, sur le dernier jour d’ateliers. Concert des enfants, exposition des travaux graphiques, plastiques et numériques des enfants se sont présentées à eux le temps d’une grosse récréation. Le moment du concert fut particulièrement réussi !
Au chapitre des difficultés, je citerais celle de devoir choisir des enfants après quelques heures d’ateliers, sur la base de trombinoscopes peu ressemblants, dans un pays où noms et prénoms sont bien compliqués à assimiler ! A titre d’exemple, j’espère que nous n’avons pas oublié de faire figurer au palmarès ces 2 jeunes filles qui font le V de la victoire !
Au final, un séjour dense, tout à fait enthousiasmant à tous les niveaux : de l’enrichissement personnel et une belle aventure collective !
Bravo, chapeau et merci! 🙂
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